Le centre de formation professionnelle : une école en mutation et des enjeux éducatifs à débattre.
Le paysage scolaire a considérablement changé dans nos centres de formation professionnelle. Une clientèle hétérogène de plus en plus jeune entretenant un rapport différent face au travail et à l’école; le travail étant considéré avant tout comme un moyen et non une fin, ainsi que des sujets plus individualistes centrés sur le plaisir et la socialisation se montrant plus infidèles face à l’assiduité et au sentiment d’appartenance au milieu. Il s’agit donc d’une conception radicalement différente des générations précédentes pouvant expliquer en partie les problèmes d’attitudes chez nos élèves et le phénomène de l’absentéisme scolaire qui sévit chez nous comme ailleurs.
Parmi nos élèves, certains arrivent hypothéqués par la vie et présentent des problèmes multiples. Il y a ces autres, les plus jeunes, qui sont à un niveau d’autonomie en émergence requérant un encadrement particulier et cohabitant avec nos clientèles traditionnelles majoritairement autonomes et responsables.
Nos enseignants et enseignantes se sentent interpellés par les problèmes qui les accompagnent et particulièrement par leurs attitudes et comportements jugés inappropriés, plaidant en faveur d’un suivi individualisé et d’une formation sur le savoir-être intégrée à nos programmes de formation. Qui plus est, depuis ces vingt dernières années, nos centres de formation sont de plus en plus exposés à des périodes d’instabilité économique et aux compressions budgétaires qui en découlent, générant ce jeu des incertitudes quant au maintien des programmes et à la stabilité des emplois en enseignement. C’est sans compter les exigences accrues des employeurs sur le type d’employé recherché et la précarité des
emplois offerts plaçant un grand nombre de nos élèves en situation de précarité sociale.
Ces présentes mutations qui touchent nos centres de formation dictent que nous entamions une réflexion sur la mission et le rôle que nous voulons jouer auprès de nos élèves dans leur préparation à la vie professionnelle et citoyenne.
Par Alain Drolet, PH.D. UQAC